En effet, faire de la "bonne science" implique de le faire avec honnêteté, précision, efficacité et objectivité et cela implique de connaître les règles et les normes mais aussi de réfléchir à ce que nous pouvons faire individuellement et collectivement pour nous assurer que ces valeurs partagées soient au cœur de nos préoccupations lorsque nous faisons de la science.
En 2016, le rapport Corvol avançait 16 propositions pour promouvoir l’intégrité scientifique en France. Parmi ces propositions se trouvait l’idée d’organiser des cours pour les étudiants, ce que la Cellule enseignement de l’Institut Curie faisait déjà. En effet, en 2011, Claire Hivroz et Vassili Soumelis envisageaient déjà d’en parler et de sensibiliser à ce sujet à l’Institut Curie. La première étape, avec l’aide de la Cellule enseignement et du Pr. Claude Huriet, à l’époque président de l’institut, fut d’organiser en avril 2012 un colloque sur l’intégrité scientifique appelé « Parlons éthique », le premier du genre en France. Cela leur a permis d’entrer en contact avec d’autres chercheurs intéressés par le sujet et de créer un événement pouvant sensibiliser les scientifiques de l’Institut Curie et d’autres instituts en France. Lors du colloque, des résultats choquants ont été présentés par le Pr. Melissa Anderson (Université du Minnesota) : 33% des scientifiques interrogés (3,247 sur 7,760) ont admis, sous couvert d’anonymat, avoir été malhonnêtes au cours de leur carrière (enquête publiée dans Nature en 2005). Le Dr. Nils Axelsen a partagé son expérience en tant que référent pour l’intégrité scientifique à l’Institut Statens Serum de Copenhague. Il a fait mention d’un événement au scandale retentissant impliquant un chercheur danois en neuroscience qui a poussé les universités et les instituts danois à mettre en place des outils pour combattre le phénomène des scientifiques frauduleux.
Suite à ce colloque, d’autres chercheurs de l’Institut Curie rejoignirent Claire Hivroz et Vassili Soumelis pour créer un cours d’une demi-journée à destination des doctorants sur l’intégrité scientifique. A partir de mai 2013, ce cours devint obligatoire pour tous les nouveaux doctorants de l’Institut Curie mais fut aussi ouvert à tout le personnel de l’institut.
Peu après, en janvier 2015, l’Institut Curie signa la Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche (voir la charte ci-dessous), qui a permis de définir les critères d'une approche scientifique rigoureuse et honnête. Plus récemment, depuis février 2018, la Cellule enseignement et Claire Hivroz, avec l’aide de “L’Atelier des jours à venir” ont organisé plusieurs ateliers sur l’intégrité scientifique et le mentorat pour les jeunes chefs d’équipe.
Aujourd’hui, l’équipe chargée de promouvoir une conduite responsable de la recherche avec la Cellule enseignement est composée de Claire Hivroz, Maude Delost, Elaine Del Néry, Carsten Janke et Matthieu Piel.
Avec la pratique, le cours a changé. Parler d'intégrité scientifique, ce n'est pas seulement parler de fraudes et d'inconduites dans la science, bien qu'elles existent malheureusement. En outre, la réalité sort parfois du cadre des normes et des codes. Il semble beaucoup plus important de réfléchir aux dilemmes et aux situations qui se produisent dans la recherche réelle et pour lesquels nous devons trouver les meilleures solutions pour faire de la "bonne science". Ainsi, le cours consiste en un rapide aperçu de ce qu'est l'intégrité scientifique ainsi que la conduite responsable de la recherche, illustré par des exemples, qui est suivi d'une discussion d'études de cas en petits groupes.
Avec le soutien de la Cellule enseignement et de membres dévoués, le travail pour promouvoir et sensibiliser à l’intégrité scientifique continue. L’équipe espère ainsi mettre en place les outils nécessaires pour créer un environnement où l’éthique scientifique et la conduite responsable de la recherche sont au cœur du développement des projets scientifiques autant que des carrières à l’Institut Curie.