2021
09 juin
IC3i Interviews Visual

Entretien avec un ancien étudiant IC3i : Deepanjan Ghosh

Découvrez le parcours professionnel des anciens étudiants IC3i dans notre série d’entretiens

Photo Deepanjan Ghosh
Deepanjan Ghosh

Deep, peux-tu nous parler brièvement de ton doctorat à l’Institut Curie ?

J’ai fait une thèse en 4 ans au sein de l’UMR9186/U1196 à Orsay. Ma directrice de recherche était Sophie Bombard et la directrice d’unité était au début Marie Paule Teulade-Fichou puis Florence Mahuteau-Betzer. Ma thèse s’intitulait « Décrypter les mécanismes moléculaires et cellulaires qui sous-tendent l'activité de radiosensibilisation de complexes métalliques : vers le développement de candidats médicaments pour améliorer la radiochimiothérapie pour le traitement du cancer ».

 

Tu faisais partie de la première cohorte de doctorants du programme cofund IC3i mais avant de venir à Paris, que faisais-tu ?

Si l’on met les choses en perspective, j’ai suivi ce que l’on peut appeler un trajet scolaire traditionnel, de la licence au Master. J’ai d’abord fait une licence en biotechnologie en Inde puis je suis allé au Royaume-Uni pour faire un Master en biomédecine pendant lequel j’ai pris des cours d’initiation aux médicaments, en neurologie et en génie génétique. Je savais qu’ensuite je voulais faire un doctorat mais je ne trouvais pas d’institutions qui réunissaient tous mes critères, c’est-à-dire les axes de recherche qui m’intéressaient, les frais d’inscription ou dépenses courantes pris en charge, jusqu’à ce que je voie cette offre.

 

Comment cela s’est-il fait ?

Avant de postuler pour le projet de thèse, je travaillais dans un laboratoire qui s’intéressait aussi à certaines structures particulières de l’ADN appelées G4 et le projet auquel j’ai postulé était plus ou moins sur le même sujet. De plus, pour être honnête, je connaissais l’Institut Curie avant de venir mais je ne pensais pas à vivre en France. Cela ne faisait pas partie de mon objectif, je voulais vivre dans un pays anglophone…mais le projet m’a convaincu.

 

Donc si on récapitule, c’était “le projet, l’Institut Curie puis la France », dans cet ordre ?

Oui exactement, l’idée d’habiter à Paris est un plus.

 

Faire un doctorat a de nombreux avantages mais parfois les choses ne se passent pas toujours comme prévu… Peux-tu nous dire comment tu as géré ce tourbillon d’idées et de pensées ?

Honnêtement, je ne regrette pas une seule seconde d’avoir fait un doctorat et une thèse même s’il y a eu des hauts et des bas. J’ai beaucoup appris grâce à cela, pas seulement sur mon sujet de recherche mais le fait de réfléchir à un problème dans toute sa complexité et essayer d’y trouver une solution est une bonne leçon de vie. Pas seulement d’un point de vue professionnel je veux dire…si tu as un problème, essaie de le comprendre, ne te contente pas de l'examiner superficiellement. Alors oui, je dirais que c’est la chose la plus importante que j’en ai retiré…ainsi que la patience bien-sûr. Et concernant les hauts et les bas…Je suis absolument convaincu que l’on devrait faire une thèse parce qu’on en a envie et pas parce qu’on ne sait pas quoi faire après le Master. C’est quand même un engagement à long-terme, aussi long qu’une licence, ce n’est pas un travail facile, cela prend beaucoup de temps et d’énergie, demande beaucoup de soi-même. Je suis content de l’avoir fait car c’est ce que je voulais. Donc, mon conseil serait : si vous êtes sûrs de vouloir aller dans l’industrie ou faire de la communication scientifique, ne faites pas de thèse tout de suite. Faites plutôt cela après le Master*. Mes amis ont également été d'un grand soutien. En fait, la plupart de mes amis travaillent dans le milieu de la recherche ou de l'université donc nous partagions nos expériences et cela était très utile. Je pense que l’Institut Curie choisit de bonnes personnes, amicales, avec une bonne alchimie, faciles à vivre.

*N.D.L.R : dans certains pays, il est possible de faire une thèse sans avoir de Master.

 

Tu as eu ton diplôme… et maintenant ?

Je voulais quitter la recherche universitaire et je cherchais un travail dans des entreprises pharmaceutiques ou des start-ups de biotechnologie puis j’en ai rejoint une. Je suis content, je sentais que c’était le bon moment pour quitter la recherche universitaire et j'ai finalement obtenu ce que je voulais. Il s’agit à la base d’une start-up créée à l’Institut Curie qui travaille dans le domaine des microfluides et je les ai rejoints en tant que biologiste moléculaire.

 

A-t-il été difficile d’accepter l’idée de quitter la recherche académique pour passer à un environnement non-académique ?

Oui car pendant de nombreuses années tu suis le mouvement : tu poursuis ta scolarité, tu passes dans l’enseignement supérieur, tu fais une licence, un master et un doctorat. La suite naturelle est de continuer avec un post-doctorat et un poste de professeur pour continuer dans ce mouvement. Se défaire de ce que qu’on t’a « appris » à faire est assez difficile…mais il faut garder les idées claires pour savoir ce que l’on veut vraiment. Je pense que c’est tout à fait normal de changer d’avis. Ce n’est pas parce qu’on avait une autre idée au début qu’il ne faut pas en changer. Si je ne me voyais pas à long terme dans la recherche universitaire, pourquoi perdre mon temps à faire quelque chose dont je ne voulais plus ?

 

Cela a-t-il été difficile de t’intégrer hors du monde académique ? Surtout que le français n’est pas ta langue maternelle…

C’est une question intéressante, je pensais que ce serait le cas mais heureusement non. Dans la startup, tout le monde parle anglais et j’apprends le français donc il n’y a pas de barrière linguistique.

 

Dernière question : aurais-tu quelque chose à dire aux futurs doctorants ? A propos du doctorat, du programme, …

(Il sourit) Pour être honnête, en ce qui concerne le programme, le fait d’avoir dû faire d’autres choses en plus de la thèse fut très utile car nous avons ainsi pu améliorer nos compétences transverses et notre savoir-être. Pour quelqu’un qui souhaite passer de la recherche universitaire à l’industrie, c’est quelque chose de très important. Dans ce milieu, ils font attention à comment tu t’intègres, comment tu communiques avec les autres, comment tu exprimes tes idées, ce genre de choses que l’on ne développe pas seulement en faisant une thèse mais aussi grâce à des tâches supplémentaires que nous devions faire dans le programme IC3i.

 

Photo et entretien réalisés par Jaime Franco Pinto